L’enseignement français à Casablanca, création coloniale oeuvre du résident Hubert Lyautey.

« Ne l’oublions pas, nous sommes au pays d’Ibn Khaldoun, qui arriva à Fez à l’âge de vingt ans, au pays d’Averroès, et leurs descendants ne sont pas indignes d’eux. » (Hubert Lyautey, Paroles d’action, 1927, p. 342).

L’impact de la colonisation a bouleversé le Maroc en profondeur à l’aube du XXe siècle. Si les fondamentaux civilisationnels, politiques, linguistiques et sociaux du Royaume, héritages de la longue durée historique, ont su perdurer, l’irruption de la pénétration européenne s’est traduite par un ajout de structures qui ont marqué le pays. L’enseignement français, et d’une manière plus large l’éducation, en font éminemment partie. Dans ce domaine, le protectorat instauré par le traité de Fès de 1912 a laissé son empreinte jusqu’aujourd’hui. Ses traces en sont particulièrement visibles dans l’agglomération de Casablanca-Mohammedia dont le premier résident général, Hubert Lyautey, a voulu faire le phare de la France au Maroc, ainsi que la porte du pays ouverte sur le monde et la modernité. Alors, dans quelles conditions l’enseignement français s’est-il implanté dans le premier port marocain ?

AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE,  DANS  LA MÉDINA

Avant même qu’Eugène Regnault, ministre plénipotentiaire de la France à Tanger, signe le traité de protectorat à Fès en 1912 avec le sultan de l’empire chérifien Moulay Abd El Hafid, des formes embryonnaires d’enseignement francophone existaient à Casablanca. En effet, dès la fin du XIXe siècle, la présence européenne est signalée dans cette ville portuaire encore modeste, ceinte de murailles et de jardins où s’écoule l’oued Bouskoura. Elle ne dépasse guère les limites de l’ancienne médina actuelle. Cependant, le port de Casablanca si difficile d’accès car menacé par les hauts-fonds et la houle atlantique, retrouve un peu d’activité. Les entreprises de négociants étrangers établis dans les murs de la vieille cité stimulent l’exportation du blé et de la laine issus de la plaine de Chaouïa. Au début du XXe siècle, près de 25 000 habitants vivent à Casablanca. Parmi eux, on trouve une majorité de musulmans venus de différentes régions du Maroc, 4 ou 5 000 juifs et quelques centaines d’Européens. Ces derniers sont surtout des Espagnols, des Anglais, des Belges, des Allemands, quelques Portugais et des Français….

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