Biographie du Maréchal

Le Maréchal Hubert Lyautey
(1854-1934)

Hubert Lyautey avait la stature d’un homme d’État. Sa personnalité aux multiples facettes est souvent mal connue car elle a longtemps été enfermée dans des clichés, déformée ou occultée. Pourtant, l’homme visionnaire apparaît comme un des symboles forts de l’homme d’action, du défenseur des valeurs fondamentales de notre civilisation et comme le symbole incontournable de notre histoire coloniale. 

Il était un homme de pensée et un « animal d’action », comme il se définissait lui-même, préférant « montrer sa force pour en éviter l’emploi » et s’attachant à « faire de la vie ». À travers lui, nous évoquons la grandeur de la France et l’oeuvre humaine qu’elle a accomplie outre-mer, l’Armée d’Afrique et les liens historiques, culturels et affectifs tissés avec le Maroc à l’histoire duquel son nom reste associé.

Hubert Lyautey, élevé à la dignité de Maréchal de France en 1921, fut aussi membre de l’Académie Française (élu en 1912, reçu en 1920), Ministre de la Guerre (décembre 1916 – mars 1917), Résident Général de France au Maroc (1912-1925), Commissaire Général de l’Exposition Coloniale de 1931 et, preuve de l’intérêt qu’il portait à la jeunesse, Président d’honneur de toutes les fédérations du Scoutisme français (1928).
Hubert Lyautey était Grand-Croix dans l’Ordre de la Légion d’Honneur et Grand-Croix dans l’Ordre marocain du Ouissam Alaouite (voir l’ensemble de ses distinctions). 

Homme de tradition, de progrès, tourné vers l’avenir, la jeunesse et le social, il fut dans de nombreux domaines un précurseur dont le message est toujours universel. La vie et l’œuvre d’Hubert Lyautey symbolisent l’esprit d’équipe et d’entreprise et sont l’illustration de sa devise : « La joie de l’âme est dans l’action ». 

Repères biographiques

1854

Naissance à Nancy, le 17 novembre, de Louis Hubert Gonzalve Lyautey, fils de Just Lyautey (1821-1893) et de Laurence Grimoult de Villemotte (1832-1890).

Son père était le descendant, côté paternel, d’une famille franc-comtoise de militaires qui comptait plusieurs généraux d’Empire. Son arrière-grand-père avait été ordonnateur en chef des Armées du 1er Empire et son grand-père, général d’artillerie, avait été nommé sénateur à sa retraite par Napoléon III.

Just Lyautey fit exception à cette règle familiale. Polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, nommé à Nancy pour diriger les travaux de construction du canal de la Marne au Rhin, il fait la connaissance à Crévic (près de Lunéville) de Laurence Grimoult de Villemotte. De leur union naissent trois enfants : Hubert, le futur Maréchal, né à Nancy à deux pas de la place Stanislas, est l’aîné d’un frère Raoul né en 1856 et d’une sœur Blanche née en 1867.

1856

Au mois de mai, on fête à Nancy le baptême du Prince Impérial. Hubert, âgé de 18 mois, échappe à la surveillance de sa nourrice venue admirer la revue des troupes depuis l’hôtel particulier des arrière-grands-parents, place Stanislas. Il tombe du balcon et doit son salut au passage d’un cuirassier dont l’épaule puis la croupe du cheval amortissent la chute. Les conséquences n’apparaîtront qu’un peu plus tard.

1859

Opération de la colonne vertébrale prescrite par le professeur Velpeau. Il doit rester couché pendant deux ans puis marcher avec des béquilles. Immobilisé dans un plâtre, puis astreint au port d’un corset d’acier jusqu’à 12 ans, la lutte contre la souffrance affermit son caractère. Il prend goût à la réflexion qui nourrit l’action et à la lecture, une passion qui ne le quittera jamais.

1864

À 10 ans, pour la première fois, il peut aller à l’école avec une canne et entre en 6ème au Lycée Impérial de Nancy, devenu depuis le lycée Henri Poincaré. Rétabli, il se révélera déjà dans ses jeux un entraîneur d’hommes.

1866

1866, Hubert Lyautey avec son jeune frère

1868

Poursuite des études à Dijon où la famille s’est installée en mai dans l’hôtel de Broïn, près de la maison natale de Bossuet.

1871

Il restera marqué par la guerre de 1870-1871 et la défaite. Cette guerre qu’il traitait, en 1897, de « fratricide » avait selon lui « brisé dans l’œuf l’Europe unie, logique, historique que préparait le long travail des siècles ».
On le trouve à la tête d’une petite « armée » qu’il a constituée avec ses camarades et qui s’entraîne à la guerre. Il crée même un journal ronéotypé « Le courrier de l’armée », dont il est le rédacteur en chef.

1872

Baccalauréat de philosophie en juillet. Départ de la famille à Versailles. Il prépare le concours de Saint-Cyr à Paris à l’école Sainte Geneviève appelée « Ginette » dirigée par le R.P. du Lac.

1873

Admis 93ème sur 291, il entre le 24 octobre comme élève-officier à l’École de Saint-Cyr et appartient à la promotion « Archiduc Albert ».

La feuille signalétique établie à son entrée mentionne :

  • taille 1 m 76
  • yeux bleus
  • cheveux châtains

Il commence à rédiger son journal intime « Notes quotidiennes » ou « Notes de jeunesse ».

1874

Il assiste, le 8 mars, à une conférence donnée par le capitaine Albert de Mun, futur député et promoteur du catholicisme social. Captivé par ses idées, il va participer aux activités de l’œuvre des « Cercles catholiques d’ouvriers », fondée par M. Maignen.

1875

Classé 29ème sur 281 à sa sortie de Saint-Cyr, il est nommé sous-lieutenant le 1er octobre et affecté au 26ème Bataillon de Chasseurs à pied. Être tourmenté et mystique, il fait une retraite au monastère de la Grande Chartreuse en décembre.

1876

Affecté le 1er janvier à l’École d’application d’État-Major où il a été admis avec les meilleurs de sa promotion. Continue à rédiger son journal intime. Deuxième retraite à la Grande Chartreuse en décembre.

1877

Promu Lieutenant dans le corps d’État-Major avec rang du 31 décembre. Il bénéficie d’un congé de deux mois avant de commencer un stage au 20ème Chasseur à cheval où il a été affecté à compter du 9 janvier 1878.

1878

Du 1er février au 5 mars, profitant de son congé, le lieutenant Lyautey parcourt l’Algérie avec deux camarades de promotion, les lieutenants Prosper Keller et Louis Silhol. Fasciné, il veut tout voir, tout savoir, tout comprendre. Au fil de leur itinéraire qui traverse toute l’Algérie, Lyautey écrit son journal « Notes d’Algérie », resté inédit. 

Désormais, à partir de ce premier contact avec l’Algérie Lyautey rêvera sans cesse de ces « Pays de lumière » où il y a tant à faire. À son retour, il fait son stage au 20ème Chasseurs à Rambouillet, puis à Chateaudun jusqu’au 26 février 1880. Il doit ensuite effectuer son stage d’Infanterie au 69ème Régiment d’Infanterie à Nancy, mais il en est empêché par la maladie.

1880

À la suppression du Corps d’État-Major (loi du 20 mars 1880), il est versé, après tirage au sort, dans la cavalerie et affecté le 22 mai au 2ème Hussards, héritier des “Houzards de Chamborant”, à Sézanne qu’il rejoint le 1er août. 

1880

Avec le 2ème Hussards, il part en Algérie du 6 novembre 1880 au 21 octobre 1882 à Orléansville, dans l’Ouarsenis, à Alger, Miliana, Teniet-El-Had. Il échange avec sa famille et ses amis une abondante correspondance, restée presque totalement inédite (« Lettres d’Algérie »).

1882

Promu capitaine en octobre, à 28 ans, il est affecté au 4ème Régiment de Chasseurs à cheval à Bruyères (Vosges).

1883

De février à mai, il est envoyé en Italie pour rédiger un rapport sur la cavalerie italienne. Il fait un détour par Goritz, pour rencontrer le Comte de Chambord. Il est reçu en audience privée au Vatican par le Pape Léon XIII. Il visite Gênes, Florence, Sienne, Rome, Naples, Pompéi, Turin et écrit ses « Lettres d’Italie ». Elles formeront plus tard la 1ère partie des « Lettres de Jeunesse » publiées en 1931. 
De retour, il rejoint son Régiment à Épinal. Le 30 octobre, il est détaché en qualité d’officier d’ordonnance auprès du Général L’Hotte, inspecteur de la Cavalerie et va résider dix-neuf mois à Commercy puis deux ans et demi à Tours. Il rédige le « Journal de Tours », inédit.

1887

Il rejoint, le 19 novembre, le 4ème Chasseurs à Saint-Germain-en-Laye, comme capitaine commandant le 1er escadron. Il se fait remarquer par la mise en œuvre de sa conception, du rôle social de l’officier. Il pratique un style de commandement prenant en compte le facteur humain et bien vite son escadron devient l’escadron modèle de l’armée française. 
Il fréquente les salons littéraires parisiens où il est apprécié pour son charme, sa culture étendue, ses idées novatrices et il commence la rédaction de ses « Souvenirs Familiaux ». Il se lie d’amitié avec Eugène-Melchior de Vogüé, écrivain rendu célèbre par son « Roman russe » et chroniqueur à la « Revue des Deux Mondes ». 

1891

La « Revue des Deux Mondes » du 15 mars publie un article qui fait l’effet d’une bombe : « Du rôle social de l’Officier dans le service universel ». L’auteur anonyme, sollicité par de Vogüé, n’est autre que Lyautey aussitôt traité d’officier « révolutionnaire ».
Plus d’un siècle après sa parution, cette étude n’a pas pris une ride et, pour avoir plus d’impact de nos jours pourrait s’intituler : « Le rôle humain des cadres dans le management des hommes ».
Le bruit fait autour de ce texte jugé non conformiste compte pour beaucoup dans la décision de l’éloigner : son départ en Indochine, en 1894, marquera un tournant décisif dans sa carrière. 

1893

Promu Chef d’escadrons, il rejoint, le 22 mars sa nouvelle affectation au 12ème Régiment de Hussards à Gray. Il obtient un congé de trois mois, dont il en occupe deux (mai-juin) à voyager à travers l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Roumanie et descend le Danube jusqu’à la mer Noire. Puis, il séjourne à Constantinople, visite la Grèce et revient par l’Italie. Les lettres qu’il écrit formeront plus tard la 2ème partie des « Lettres de Jeunesse » publiées en 1931. 
Le 16 octobre, il est détaché comme Chef d’État-Major de la 7ème Division de Cavalerie à Meaux.

1894

Affecté à l’État-Major des troupes de l’Indochine, il embarque à Marseille le 12 octobre. Appréciant ses qualités, le Général Duchemin, commandant en chef, en fait son chef d’État-Major

Le 5 décembre, Lyautey rencontre le Colonel Gallieni qui obtient de l’emmener en colonne avec lui pendant six mois. À l’école de cet homme de terrain, il se passionne pour la vie coloniale, une passion qui ne le quittera plus. 
En effet, il se sent en harmonie avec l’action coloniale de Gallieni qui repose sur le respect des habitants, de leur culture, de leur religion et de leurs traditions, avec le souci constant « de faire de la vie ». Il résume cette politique dans une formule : « Il faut savoir gouverner avec le mandarin et non pas contre le mandarin« .

1895

À partir de juillet, il occupe les fonctions de chef du bureau militaire du Gouverneur Général de l’Indochine, Armand Rousseau, avec des responsabilités importantes. En 28 mois, le chef d’escadrons Lyautey aura parcouru le Tonkin, l’Annam, le Cambodge, la Cochinchine et écrit ses « Lettres du Tonkin ».

1897

Appelé par Gallieni, nommé Gouverneur Général de Madagascar, Lyautey le rejoint directement et débarque le 7 mars à Tamatave. Promu Lieutenant-Colonel en septembre, il pacifie et organise le Nord-Ouest de l’île. Il écrit ses « Lettres de Madagascar ».

1899

Le 26 mai, il arrive à Paris pour un congé d’un an. En décembre, il prononce une conférence très applaudie qui paraîtra dans la Revue des Deux-Mondes du 15 janvier 1900 sous le titre « Du rôle colonial de l’armée », un véritable programme pour l’officier colonial, devant tout à la fois être soldat, planteur, architecte, commerçant et parler la langue et les dialectes du pays.

1900

Promu Colonel le 6 février, il embarque le 10 juin à Marseille pour rejoindre Madagascar comme Commandant supérieur du sud de l’île qu’il pacifie en deux ans grâce à son génie servi par sa passion de l’action coloniale. À Fianarantsoa, il a trouvé un champ d’action à sa taille : pacification avec de nombreux ralliements, construction de cités, de routes et d’hôpitaux.
Il écrit ses « Lettres du sud de Madagascar ».

1902

De retour en France, il est nommé, le 1er octobre, au commandement du 14ème Régiment de Hussards à Alençon.

1903

Il prend ses fonctions à Alençon le 1er janvier. Il s’y ennuie et ne parvient pas à assouvir sa soif d’action. Il publie en mai un livre technique bien accueilli : « Dans le Sud de Madagascar : pénétration militaire, situation politique et économique (1900-1902) ».
Convoqué d’urgence à Paris le 9 septembre, il y apprend sa nomination le lendemain au commandement des troupes d’Infanterie non embrigadées de la Division d’Oran et de la subdivision d’Aïn Sefra. Lyautey part donc précipitamment pour l’Algérie où le Gouverneur Jonnart, qui recherchait un officier de valeur pour rétablir la situation dégradée à la frontière algéro-marocaine, a obtenu son affectation. Lyautey lui avait été présenté par Jules Charles-Roux, homme très influent, dont il avait fait la connaissance en 1891.
Il est à pied d’œuvre le 1er octobre et reçoit ses étoiles de Général de Brigade le 9 octobre. Il pacifie les confins algéro-marocains et écrit ses « Lettres du sud-oranais ».

1906

Le 9 décembre, il est nommé commandant par intérim de la Division d’Oran.

1907

Le 30 juillet, Lyautey est promu Général de Division et maintenu à Oran. Envoyé en mission d’inspection, du 3 au 25 octobre, à Rabat auprès du Corps d’occupation du Général d’Amade, il écrit ses « Lettres de Rabat ».

1908

Deuxième mission de Lyautey au Maroc du 14 mars au 11 avril. Tout en gardant son commandement à Oran, il est nommé Haut-Commissaire de France pour les confins algéro-marocains.

1909

Mariage du Général Lyautey à Paris, le 14 octobre, avec Inès de Bourgoing, de neuf ans sa cadette, fille du colonel Philippe de Bourgoing, Grand Écuyer de Napoléon III et veuve du colonel Fortoul, fils d’un ministre de Napoléon III. Depuis son veuvage en 1900, Inès de Bourgoing, filleule de l’Impératrice Eugénie, menait des actions du type « Infirmières sans frontières ». Elle partagera avec Lyautey sa conception de l’action coloniale et se dévouera sans compter dans le domaine social et sanitaire, au point que Lyautey parlait d’elle comme étant son « meilleur collaborateur ».

1910

Le 20 décembre, il est nommé au commandement du Xème Corps d’Armée à Rennes.

1912

Après la signature, le 30 mars, du traité de protectorat avec le Maroc (traité de Fès), il est nommé, le 28 avril, Commissaire Résident Général de la République Française au Maroc.

Lyautey débarque à Casablanca du croiseur « Jules Ferry » le 13 mai et commence son œuvre de pacification et d’organisation du pays. 
Tout à la fois, pacificateur, bâtisseur, négociateur, administrateur, il jette les bases du Maroc moderne tout en respectant son Sultan, ses traditions, sa religion, son patrimoine culturel et architectural. Clairvoyant, Lyautey, le Résident Général, va doter le Maroc des infrastructures indispensables pour son évolution économique et sociale avec le dessein avoué de l’amener à son indépendance dans les meilleures conditions. 
Le 31 octobre, le Résident Général est élu à l’Académie Française, où, en raison de la Grande Guerre, il ne sera reçu que le 8 juillet 1920.

1913

Le 17 septembre, il est élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur. En octobre, il effectue une mission officielle auprès du Roi d’Espagne Alphonse XIII et écrit son « Voyage en Espagne ».

1914

Le 10 mai, grâce aux opérations menées, c’est la liaison de Taza, c’est-à-dire la jonction entre le Maroc et l’Algérie. 
Apprenant la déclaration de guerre avec l’Allemagne, Lyautey s’exclame : « Ils sont fous, complètement fous, une guerre entre Européens est une guerre civile« . 

1915

La Médaille Militaire lui est décernée par arrêté du 15 septembre. Elle lui sera remise sur le front des troupes à Sidi Lamine le 12 octobre 1915.

1916

Appelé par Aristide Briand, soucieux de créer un choc psychologique en raison du prestige dont il jouit, Lyautey est nommé ministre de la Guerre, le 12 décembre, et remplacé pendant son absence du Maroc par le Général Gouraud qui assume les fonctions de Résident Général en parfaite harmonie avec l’esprit qui animait Lyautey. Il tente d’organiser un Haut-Commandement interallié avec un chef unique et il s’oppose sans succès au projet de l’offensive de Nivelle au Chemin des Dames dont il prévoit le dramatique échec.

1917

Devant l’hostilité d’une grande fraction des députés, qui refusent de prendre les décisions dictées par la situation, il démissionne le 14 mars de son poste de ministre.

En mai, de retour au Maroc, le Général Lyautey reprend comme Résident Général son œuvre de pacificateur et de bâtisseur du Maroc moderne. 

1918

Tout en poursuivant avec détermination son œuvre marocaine, le Résident Général Lyautey apporte depuis le Maroc sa contribution à l’effort de guerre contre l’Allemagne et donc à la victoire du 11 novembre 1918 par l’envoi de troupes entraînées et par un soutien logistique important et efficace. À ce titre, la dignité de Maréchal viendra consacrer Lyautey comme l’un des vainqueurs de la Grande Guerre 1914-18.

1920

Le 8 juillet, il est reçu à l’Académie Française où il avait été élu en octobre 1912. Le Général Lyautey avait séjourné chez son ami Wladimir d’Ormesson au château d’Ormesson pour y préparer son discours de réception. 

Il rédige la fameuse note du 18 novembre dite du « coup de barre ». Il publie ses « Lettres du Tonkin et de Madagascar ».

1921

Le 19 février, Lyautey est élevé à la dignité de Maréchal de France.

1922

Pendant la première quinzaine d’avril, le Président de la République Millerand effectue un voyage officiel à travers tout le Maroc et inaugure à Rabat la Résidence de France, un mélange harmonieux de l’architecture française et de l’art marocain.

1923

Publication d’“Hommage d’un Lorrain à un Lorrain” (Lyautey à Maurice Barrès).

1924

Lancement le 14 juin à La Seyne-sur-Mer du paquebot “Maréchal Lyautey” que les Allemands ont envoyé par le fond dans le port de Marseille au moment de la libération de la ville. Un deuxième paquebot “Lyautey” sera lancé pour le remplacer en 1952.

1925

Lâché par le Cartel des Gauches qui lui refuse les moyens nécessaires pour faire face à la rébellion du Rif menée par Abd el Krim soutenu par le parti communiste, ses pouvoirs militaires lui sont retirés pour les confier à Pétain, nommé en quelque sorte pour le détrôner et arrivé à Rabat le 22 août.
Lyautey démissionne de son poste de Résident Général. Il est réduit à embarquer comme un touriste le 10 octobre sur « l’Anfa » après des adieux émouvants. Au large de Gibraltar, il est salué par les torpilleurs anglais. 

Par contre, à Marseille, (d’où il était parti jour pour jour le 12 octobre 1894 pour l’Indochine), il n’y a aucun accueil officiel et les honneurs réglementaires dus à un Maréchal de France ne lui sont pas rendus. 

Lyautey, celui qui, selon une dédicace de la princesse Bibesco, avait « donné un Empire à la République » rentrait en France dans des conditions humiliantes après avoir servi jusqu’à l’âge de 71 ans.

Désormais, il partage son temps – en dehors de ses nombreux déplacements – entre Paris et, en Lorraine, son château de Thorey proche de Nancy, devenu son « port d’attache ». En effet, né Lorrain, Lyautey est resté attaché à sa Lorraine natale où il a voulu se retirer comme pour y inscrire sa légende.

1926

Le 18 juillet, il reçoit dans sa propriété de Thorey le Sultan du Maroc Moulay Youssef. Après le décès de celui-ci en 1927, il recevra souvent son fils, le Sultan Mohammed qui lui a succédé et deviendra, au moment de l’indépendance du Maroc, SM le Roi Mohammed V.

1927

Il publie « Paroles d’Action », un recueil de textes significatifs que l’on peut considérer comme son testament spirituel en l’absence de « Mémoires » qu’il s’est refusé à écrire.

Le 27 juillet, il est nommé Commissaire Général de l’Exposition Coloniale Internationale prévue en 1929 et restée dans les cartons. Le 27 décembre, il obtient son report en 1931 pour avoir le temps d’en préparer sa réussite.

1928
1929

Devenu Président d’honneur de l’ensemble du scoutisme français en 1928, il assiste au Jamboree de Birkenhead aux côtés de lord Baden-Powell, général anglais créateur du scoutisme.

1930
1931

L’Exposition Coloniale, inaugurée le 6 mai, ferme ses portes le 15 novembre après avoir accueilli plus de 33 millions de visiteurs. Comme témoignage, il en restera un magnifique palais à la Porte Dorée (Paris 12ème) qu’il avait dédié à la mémoire de l’œuvre coloniale pour en faire un musée permanent de la France d’outre-mer.

Ce Palais « Lyautey » réalisé avec le concours d’architectes et d’artistes de talent dont Lyautey savait s’entourer devait aussi dans son esprit devenir un centre de rencontres (palais des congrès avant la lettre) accueillant, riche en documentation et à but social et économique dans les rapports entre la France et ses colonies.
Publication des « Lettres de Jeunesse » (1883-1893) et de l’opuscule « Le Maréchal Lyautey, instructeur ».

1934

Le 27 juillet, il décède à Thorey. Les funérailles nationales du Maréchal Lyautey ont lieu en présence d’Albert Lebrun, Président de la République, le 2 août à Nancy, la capitale de « sa » Lorraine. Il est inhumé provisoirement dans la crypte de la cathédrale. À la demande des habitants, Thorey devient Thorey-Lyautey.

1935

Le 27 octobre, sa dépouille quitte Nancy. Le 30 octobre, marque de l’attachement qu’il portait au peuple marocain et à ce pays qu’il a tant aimé, l’inhumation a lieu selon son vœu, au mausolée construit à Rabat où sa femme décédée le 9 février 1953 le rejoindra. On ne peut s’empêcher de penser à cette phrase de Maurice Barrés : « Honneur à ceux qui dans la tombe demeurent les guides et les régulateurs de la Cité ».

Voiture transportant la dépouille du Maréchal Lyautey aux Invalides à Paris, 1961
1961

Depuis le 10 mai, le Maréchal Hubert Lyautey repose aux côtés de Foch, Turenne, Vauban sous le Dôme des Invalides à Paris. À cette occasion, le Général de Gaulle a prononcé un discours rendant hommage à son action.
Sur son tombeau, est inscrite cette phrase dans laquelle il avait traduit son rêve :
“Être un de ceux auxquels des hommes croient dans les yeux duquel des milliers d’yeux cherchent l’ordre, à la voix et à la plume duquel les routes se rouvrent, des pays se repeuplent, des villes surgissent”.

Par son discours, son exemple et ses vues prospectives, le Maréchal Lyautey peut encore servir, non seulement la France, comme le disait le Général de Gaulle, mais aussi à l’humanité dans les rapports entre les nations, les cultures, les croyances et les hommes.
Voir la bibliographie à propos du Maréchal Lyautey.