L’investissement de Hubert Lyautey pour une amitié durable entre la France et le Maroc

Résident Général du Maroc de 1912 à 1925, le Maréchal a noué des liens forts avec le Maroc.

Artisan du protectorat, le Maréchal Lyautey s’est attaché à nouer des liens avec le Maroc. Ces véritables sentiments d’amitié, réciproques, ont été construits sur la durée, notamment entre le Sultan Moulay Youssef et lui. 

Lyautey a véritablement jeté les bases d’une solide amitié franco-marocaine fondée sur le respect et la confiance. Depuis son arrivée au Maroc, en 1912, il répétait en maintes occasions : 

Je veux nous faire aimer de ce peuple.

Et, lors d’une déclaration capitale faite le 14 avril 1925 à Rabat, il évoquait la naissance et l’évolution des sentiments d’amitié qu’il souhaitait voir se développer. En guise de conclusion, il reprenait cette même formule devenue un leitmotiv.


Voici un extrait de cette déclaration :
« …… Je disais aux Marocains : « Nous avons le respect complet de votre foi, de vos mœurs, de vos institutions, de vos places sociales et protocolaires ». Ils me répondaient : « Vous peut-être, mais nous connaissons l’Algérie et ce qu’on y a fait. Vous êtes le seul Français à penser ainsi ». Je leur ai démontré avec le temps qu’en dehors de moi, c’était l’esprit même du Protectorat. »
« J’ai la conviction qu’il s’est dès lors créé un courant de sympathie entre la population marocaine et l’élément colonisateur et que ce courant me dépassera. Je n’ai pas cessé d’espérer créer entre ce peuple et nous un état d’âme, une amitié, une satisfaction intime, mais qui auront pour résultat final que, si les événements le détachent politiquement de nous, toutes ces sympathies resteront françaises. »
« C’est la pensée avec laquelle je vis, qui me porte, qui est une directive essentielle : je veux nous faire aimer de ce peuple. » 

« Je veux nous faire aimer de ce peuple. » Il y est arrivé parce qu’il a su traduire ses intentions et ses paroles en actes et ceci en vertu de ce qu’il énonçait : « Il n’y a pas d’œuvre humaine qui pour être vraiment grande n’ait besoin d’une parcelle d’amour »

L’estime dans laquelle l’ont tenu les Souverains du Maroc s’est exprimée en de nombreuses occasions. Nous nous limiterons à quelques exemples.

Le Maréchal Lyautey avait assisté à la conférence nord-africaine d’Alger. Le 11 février 1923, à Oujda, sur le chemin du retour, il est pris de très violentes douleurs au foie. Transporté d’urgence à Taza pour y être soigné, il exige malgré les supplices du voyage en voiture de continuer jusqu’à Fez. S’il doit mourir, dit-il, que ce soit dans la Ville Impériale ! Pendant dix jours, il est entre la vie et la mort. 

Le Sultan Moulay Youssef s’émeut et ordonne que des prières publiques soient dites dans toutes les mosquées pour sa guérison. Ce geste unique dans l’histoire, révèle le prestige du Maréchal et l’affection qui lui est portée. À Rabat, la prière du vendredi est célébrée avec un éclat exceptionnel. A Fez, le 23 février, le conseil municipal (le Medjless) et les corporations pénètrent dans la cour du palais de Bou Jeloud et récitent le « Ia-el-Attif », la prière du Prophète, que l’on dit uniquement en l’honneur du Sultan.

Malmené et humilié par le gouvernement en désaccord avec sa politique, le Maréchal Lyautey envoie sa démission à Painlevé le 25 septembre 1925. Il est reçu en audience d’adieu par le Sultan Moulay Youssef, le vendredi 2 octobre, jour qui coïncidait avec la cérémonie traditionnelle de la « hedia » de la fête du Mouloud. À son allocution, le Sultan répondit en ces termes : 
« Je regrette de vous voir quitter le Maroc et je déclare très fermement que, si vous n’aviez pas évoqué des raisons si graves, nous aurions fait une démarche personnelle auprès du gouvernement français pour lui demander de vous laisser ici. »

Au centre le Sultan Moulay Youssef à Thorey

Preuve d’amitié et d’estime le Sultan Moulay Youssef accompagné de 25 caïds et notables marocains rend visite au Maréchal Lyautey, le 18 juillet 1926, dans son château de Thorey, en Lorraine. 

Le 7 août 1931, SM le Sultan Mohammed ben Youssef, accueilli à l’Exposition Coloniale de Paris par le Maréchal Lyautey, déclare dans son discours ;
« En venant admirer l’Exposition Coloniale, cette belle réalisation de votre génie, il nous est particulièrement agréable de profiter de cette occasion solennelle pour apporter notre salut au grand Français qui a su conserver au Maroc ses traditions ancestrales, ses mœurs et ses coutumes, tout en y introduisant cet esprit d’organisation moderne sans lequel aucun pays ne saurait vivre désormais. 

Pouvons-nous oublier, en effet, qu’à votre arrivée au Maroc, l’Empire chérifien menaçait ruine ? Ses institutions, ses arts, son administration branlante, tout appelait un organisateur, un rénovateur de votre trempe pour le remettre dans la voie propre à le diriger vers ses destinées.

En ménageant la susceptibilité de ses habitants, en respectant leur croyance et leurs coutumes, vous les avez attirés vers la France protectrice par vos nobles qualités de cœur et la grandeur de votre âme. »

Souvenir de notre passage à Thorey
À notre grand ami Monsieur le Maréchal Lyautey
À qui le Maroc gardera toujours une éternelle
reconnaissance pour son œuvre à jamais célèbre.  

Le 22 Rabia II 1351 (25 août 1932), Mohammed ben Youssef

Le 27 juillet 1934, SM le Sultan Mohammed, après un séjour en France, est à Marseille sur le point d’embarquer pour le Maroc ; Il y apprend le décès du Maréchal Lyautey auquel il avait rendu visite deux semaines plus tôt. Il décide de faire demi-tour pour aller au château de Thorey-Lyautey s’incliner devant la dépouille du Maréchal et présenter ses condoléances à son épouse : un beau geste d’estime, de respect et d’amitié.