Armée d’Afrique et conflits mondiaux

Durant la Première Guerre Mondiale comme la Seconde, les soldats marocains se sont sacrifiés pour la France au sein de l’Armée d’Afrique. 

En 1912, Lyautey arrive au Maroc pour mettre en place un protectorat. Dès lors, des troupes marocaines auxiliaires sont créées. Dans les deux conflits mondiaux, les soldats marocains sont engagés aux côtés des Français.

Insensiblement, mais inexorablement, si nous n’y prenons garde, l’Armée d’Afrique est poussée dans le camp des oubliés de l’histoire par ceux qui réécrivent l’histoire avec une conception très particulière de la vérité historique.

On finit par nous faire oublier que la 1ère Armée Française formée pour l’essentiel de l’Armée d’Afrique a débarqué en Provence en août 1944. Elle a combattu jusqu’au Rhin pour libérer la France et a continué à combattre en Allemagne jusqu’à la victoire du 8 mai 1945. 

Évoquer Lyautey, c’est aussi évoquer le souvenir de cette Armée d’Afrique qui s’est illustrée sur tous les champs de bataille et qui forçait son admiration. Mais, nous limiterons notre propos à la participation marocaine aux deux conflits mondiaux.

La participation de l’armée d’Afrique pendant les deux guerres mondiales

La Première Guerre mondiale

Au cours de la Première Guerre mondiale 1914-18, plus de 30 000 soldats marocains combattent aux côtés de la France et de ses alliés.
En 1912, avec l’avènement du protectorat et l’arrivée de Lyautey, la création au Maroc des troupes auxiliaires marocaines (T.A.M.) marquait une étape dans le concours apporté par la France à la réorganisation de l’armée chérifienne- Dès la déclaration de guerre en août 1914, des compagnies de tirailleurs, principalement des fantassins, et des escadrons de spahis (cavaliers) composant ces TA.M., partent pour la France et débarquent à Bordeaux, Sète et Marseille.
Dès le 5 septembre 1914, les tirailleurs sont engagés dans la bataille de la Marne où ils y sont durement éprouvés. À partir de janvier 1915, leur brigade prend le nom de Régiment de Marche de Tirailleurs Marocains (R.M.T.M.), tandis que celle des spahis devient le Régiment de Marche de Spahis Marocains (R.M.S.M.).

Le R.M.T.M. affronte la réalité des tranchées en Argonne, en Artois puis à Verdun, où il s’illustre en participant à la tentative de reprise du fort de Douaumont du 22 au 24 mai 1916.
Le R.M.S.M. quant à lui, après avoir combattu en Champagne, dans l’Artois puis dans la Somme, est affecté en janvier 1917 à l’Armée d’Orient. Commence alors pour les spahis une longue épopée de la Thessalie à la Hongrie en passant par les montagnes d’Albanie.
En 1918, le R.M.T.M. est scindé en deux régiments (1er et 2ème R.M.T.M.) qui participent à la contre-offensive finale des alliés. Ils regagnent le Maroc après l’armistice, tandis que les spahis du R.M.S.M. stationnent en Bulgarie jusqu’en novembre 1919, au titre des troupes d’occupation.

Les nombreuses décorations attribuées aux soldats marocains, à titre individuel ou collectif, témoignent de l’étendue du sacrifice accompli et de la reconnaissance des autorités françaises.

« Notre tâche à tous aura été singulièrement allégée par le loyalisme de ce noble peuple marocain. Sa fidélité n’a pas été un instant ébranlé et il nous a donné la preuve suprême, celle qui lie les races pour l’éternité, en envoyant au feu, à côté des nôtres, les meilleurs de ses enfants. Avec quelle bravoure ils s’y comportent, enflammés par les encouragements de Sa Majesté le Sultan « 
Général Lyautey, Résident général, Rabat, janvier 1915

La Seconde Guerre mondiale

Dès le début du 2ème conflit mondial (1939-45), le 3 septembre 1939, le Sultan Mohammed annonce dans une lettre au peuple marocain, l’entrée en guerre de son pays aux côtés de la France.

De septembre 1939 à juin 1940, 90 000 soldats marocains, soit dix régiments de tirailleurs et deux régiments de spahis sont envoyés en Belgique et sur le front du Nord-Est.
Le 15 mai 1940, la 1ère division marocaine cantonnée à Gembloux, au sud-est de Bruxelles, et les spahis du 2ème R.S.M. retranchés dans le village de La Horgne, résistent plusieurs heures durant, à l’assaut des blindés ennemis.

Réorganisation après l’armistice de 1940 et reprise des combats

L’armistice du 25 juin 1940 inaugure une période de profonde réorganisation pour les troupes marocaines. Le matériel militaire camouflé permet l’instruction d’environ 20 000 goumiers, entraînés et organisés en tabors et groupes de tabors marocains (G.T.M.), auxquels s’ajoutent les régiments de tirailleurs et de spahis marocains, reformés dans le cadre de l’Armée d’Afrique ». 
Une partie de ces troupes est engagée en Tunisie, jusqu’en mai 1943, dans la vaste offensive alliée qui permet de repousser les forces de l’Axe hors d’Afrique du Nord. L’arrivée de l’équipement américain au Maroc permet la constitution de deux divisions d’infanterie ; la 2ème division d’infanterie marocaine (2ème D.I.M.) équipée de chars légers, de canons d’assaut et d’automitrailleuses, et la 4ème division marocaine de montagne (4ème D.M.M.) formée pour le combat en terrain accidenté grâce en particulier à son train muletier.
Différentes unités participent aux opérations de Sicile (juillet et août 1943). à la libération de la Corse. La 4ème D.M.M. et la 2ème D.I.M., affectées au Corps Expéditionnaire Français d’Italie (C.E.F.I.) sous les ordres du général juin, arrivent en Italie du sud à partir du 20 novembre 1943. Du 11 au 18 mai 1944, c’est la rude bataille pour la prise de Monte-Cassino qui ouvre aux Alliés la route de Rome. Après la conquête de l’île d’Elbe du 14 au 29 juin, les troupes marocaines sont engagées pour la libération du continent français.
Le 1er R.M.S.M. débarque en Normandie le 31 juillet 1944 avec la 2ème D.B. du Général Leclerc, première division alliée à entrer dans Paris, libérée le 25 août.

« C’est aujourd’hui, que la France prend les armes pour défendre son sol, son honneur ; sa dignité, son avenir et le nôtre, que nous devons être, nous-mêmes, fidèles aux principes de l’honneur de notre race, de notre histoire et de notre religion…… « 

Lettre au peuple marocain du 3 septembre 1939, Sultan Mohammed ben Youssef


Du débarquement en Provence jusqu’à la victoire du 8 mai 1945

À cette date, la 2ème D.I.M. arrive en Provence avec l’Armée de Lattre de Tassigny dont elle accompagne la progression jusqu’au Rhin. En janvier 1945, rejointe par la 4ème D.M.M., elle livre de durs combats pour la réduction de la « poche de Colmar » qui achève la libération de l’Alsace début février 1945. 

Le Rhin est franchi à partir du mois d’avril 1945. Les troupes marocaines venues participer au défilé de la Victoire à Paris restent ensuite pour la plupart en occupation en Allemagne.

Le Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc (R.I.C.M.) qui s’était déjà illustré pendant la guerre 14-18 mérite une mention particulière, lui qui est le Régiment le plus décoré de l’Armée Française.
Il débarque en Provence, le 21 août 1944 avec l’Armée de Lattre de Tassigny et libère Toulon. Mais il ne fait pas partie des divisions marocaines, car il est devenu le Régiment de Chars de la 9ème Division d’Infanterie Coloniale (9ème D.I.C.) 

Souvenir de l’Armée d’Afrique

Couverture de l’ouvrage

À noter :
L’Association Nationale “Souvenir de l’Armée d’Afrique”, quand elle était en activité, a édité un ouvrage très documenté de 205 pages au format A4.
« Honneur à l’Armée d’Afrique »

Monument élevé à Saint-Raphael par l’Association