Anniversaire de la création de l’Armée de l’Air (2009)
Prise d’arme de la BA 133 de Nancy-Ochey dans le parc du château le 2 juillet 2009
Le rôle de Lyautey en tant que Président du Comité Français de Propagande Aéronautique (CFPAé) est mis en évidence. Ce 2 juillet, toutes les bases de l’Armée de l’Air ont célébré le 75ème anniversaire de la création de l’Armée de l’Air. Lors de la prise d’armes de la BA 133 de Nancy-Ochey organisée dans le parc du château de Thorey-Lyautey, cet aspect peu connu de l’action de Lyautey pour le développement de l’aéronautique a été souligné.
L’escadron Lyautey du 4ème Régiment de Chasseurs
sur les traces de son illustre Ancien
Jadis le capitaine Hubert Lyautey, futur Maréchal de France, avait commandé, de novembre 1887 à mars 1893, le 1er escadron du 4ème Chasseurs au quartier Gramont à Saint Germain en Laye. C’est à cette époque qu’il écrivit « Le rôle social de l’officier «
En 2009, année du 75ème anniversaire de la disparition du Maréchal Lyautey le capitaine Lafforgue commandant le 1er escadron du 4ème Chasseur a voulu emmener son unité sur les traces du célèbre Maréchal Lyautey. Il a profité d’une mission de son escadron dans l’Est pour pousser jusqu’à Thorey-Lyautey, le 7 avril avant le retour sur Gap, la garnison du 4ème Chasseur.
Accueillis par le colonel (er) Geoffroy, président de l’Association Nationale Maréchal Lyautey, les hommes de l’escadron Lyautey et leur encadrement ont visité sous sa conduite le château où Lyautey s’était retiré en 1926.
Après la visite une cérémonie eut lieu devant le Mémorial Lyautey dans le parc avec remise de décorations méritées lors du dernier séjour de l’escadron en opération extérieure.
Décédé le 27 juillet 1934, le Maréchal Lyautey qui s’était dépensé depuis 1926 après son retour du Maroc pour le développement’ de l’aviation tant civile que militaire aura eu la satisfaction d’apprendre avant son décès la création de l’Armée de l’Air le 2 juillet et de recevoir une dernière fois à la mi-juillet le Sultan du Maroc Mohammed ben Youssef accompagné du Prince héritier Hassan.
Allocution du Colonel Aubigny
Commandant la Base Aérienne 133
S’adressant aux invités à la réception qui suivit la prise d’armes du 2 juillet 2009
« Je tiens tout d’abord à vous remercier pour votre présence au côté de nos médaillés, membres de l’ordre et décorés. Cette présence témoigne de l’attachement que vous avez pour l’Armée de l’Air et en particulier pour la Base aérienne 133, en cette superbe journée anniversaire de la promulgation de la loi fixant l’organisation générale de l’Armée de l’Air – le 02 juillet 1934.
Je tiens bien sûr et tout particulièrement à remercier le Colonel Geoffroy, président de l’Association Nationale Maréchal Lyautey, sans lequel cette cérémonie n’aurait pu se dérouler, en ce lieu si chargé d’histoire.
Les raisons du choix de Thorey-Lyautey pour commémorer cet événement ont pu vous échapper. Elles sont pourtant nombreuses. Pour célébrer un anniversaire important, il fallait un décor unique et enchanteur : le château de Thorey-Lyautey remplissait bien évidemment cette clause technique. Il était important également d’ancrer la journée du 02 juillet 1934 dans le temps et l’espace. Pour l’espace ou la géographie des lieux, la base aérienne et le Château de Thorey sont des voisins proches ; à tel point qu’une course militaire au départ du Château et reliant la base est organisée depuis maintenant plus de 21 ans au mois de mai. Pour le temps : l’année 1934 marque pour Thorey comme pour la base aérienne deux événements marquants : le rappel à Dieu du Maréchal Lyautey et la création de l’Armée de l’Air.
Aussi, je ne pouvais que saisir cette chance de pouvoir unir en souvenir de 1934 l’Armée de l’Air et une personnalité lorraine à l’aura internationale. Mais le lien le plus profond et peut-être le plus méconnu entre ces deux événement reste le suivant : l’attachement du Maréchal Lyautey à l’aéronautique. En effet, et pour reprendre vos mots, mon Colonel, inscrits sur le site de votre association :« À partir de 1926, le Maréchal Lyautey qui a compris le rôle économique, politique et militaire que l’Aviation est appelée à jouer, accepte la présidence du Comité Français de Propagande Aéronautique (CFPAé) que lui propose André Michelin, le célèbre fabricant de pneus, qui aux côtés du Maréchal Lyautey, reste le vice-président de ce comité qu’il avait créé en 1921. » »
Michelin, Lyautey et l’aéronautique sont donc étroitement liés
Écrit du Colonel Geoffrey sur le sujet « Michelin, Lyautey et l’aéronautique sont donc étroitement liés »
Michelin, Lyautey et l’aéronautique sont donc étroitement liés : en 1914, les frères Michelin s’étaient en effet engagés résolument en faveur de la création d’une véritable aéronautique militaire spécialisée. Ils décidaient de convertir leur système de production en construisant à Clermont-Ferrand des avions de bombardement Breguet. Ils inventaient le B2, « avion de la victoire » et participaient à la définition d’une doctrine du bombardement et créaient une école du bombardement à Aulnat. Le Maréchal Lyautey à la tête du Comité s’inscrivait dans la même dynamique et menait le même combat, car il s’agissait bien d’un combat : celui de l’autonomie de l’Armée de l’Air au côté de nos autres frères d’armes.
Car 1934 ne marque pas le début de l’aviation, dont les premiers pas remontent véritablement à 1909. 1909, c’est en effet l’année de la traversée de la Manche par Blériot, l’émission le 7 janvier des 15 premiers brevets de pilote aviateur de l’aéroclub de France (3 américains : frères Wright Orville et Wilbur, Glen Curtiss, un Brésilien Santos-Dumont, deux Anglais Maurice et Louis Farman, et 9 français) ; c’est aussi celle du premier meeting international de l’aviation à Reims et de la création de l’aéroclub de l’est, dont les statuts ont été déposé à la préfecture de Meurthe et Moselle le 18 août 1909. À partir de cette date, les choses vont très vite puisqu’à la fin de la première guerre mondiale, l’aéronautique française met en œuvre 12 000 appareils, ce qui en fait la première force aérienne alliée. Mais même si en 1931 les aviateurs avaient déjà leur propre uniforme, l’Armée de l’Air n’existait toujours pas. Il aura donc fallu beaucoup d’énergie et de combats menés par nos anciens – combats certes moins meurtriers et chevaleresques que pendant la Grande Guerre – pour voir la création de l’Armée de l’Air.
Cette victoire devait donc être célébrée au côté d’un homme qui y a contribué : le Maréchal Lyautey. Ce dernier concluait d’ailleurs de la façon suivante, une lettre du 1er février 1927 publiée dans la Revue de Paris sur le thème de l’aviation allemande, dans laquelle il traçait les grandes lignes d’un programme en vue du développement de l’aéronautique française : « J’ai tenu à vous dire combien vos craintes étaient les miennes et combien elles étaient partagées par mes collaborateurs au Comité Français de Propagande Aéronautique et quels étaient les moyens que nous avons jugés les meilleurs pour préserver notre Pays non seulement d’un désastre militaire, si jamais survenait à nouveau pour lui une ère de conflits armés, mais d’un désastre économique plus immédiat et peut-être plus dangereux ».
Les années 1940 devaient lui donner raison, conséquence de choix et de décisions trop tardifs : 1300 appareils de première ligne français devaient faire face à une Luftwaffe forte de 3500 avions modernes, l’Armée de l’Air abattait pourtant, avant que la France ne succombe, 850 avions en détruisant au sol 450 alors qu’elle en perdait 410 en combats aériens et 430 au sol. Voici l’hommage particulier que je souhaitais rendre au Maréchal Lyautey, en l’associant aujourd’hui à l’anniversaire d’un événement qu’il appelait indirectement de ses vœux.
Que notre action au service de l’armée de l’air et de la France puisse préserver notre pays d’une pareille défaite et contribue, comme l’a rappelé dans son ordre du jour le Général Abrial chef d’état-major de l’armée de l’air, à asseoir la sécurité de la France et à soutenir ses interventions au service de la paix, du droit et de la justice. C’est à cette mission que contribuent aujourd’hui encore, les 4.500 aviateurs engagés à travers le monde en opérations et en métropole.
J’ai, bien entendu, une pensée particulière pour les équipages et le personnel mécanicien de la base de Nancy Ochey déployés en Afghanistan au service d’une mission commencée en 2002. À l’instar du Maréchal Lyautey – lui qui avait su se montrer particulièrement clairvoyant et visionnaire et de tous nos Anciens, sachons inspirer tous ceux qui, dans l’avenir, oseront croire, comme en 1934, que la France a le destin d’une puissance aérospatiale.